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Depuis le début du XXème siècle, la chanson a pris une nouvelle dimension dans la vie des hommes. Grâce à l’évolution technologique, au développement du bien-être, elle s’est mise à accompagner tous les moments d’une période où, plus que jamais, les évènements se sont accélérés. La chanson française ou francophone a suivi le mouvement, au gré de modes qui ne lui ont pas toujours été favorables, solidement enracinée autour d’interprètes exceptionnels mais aussi et surtout de mélodies ou de textes extraordinaires.
LA CHANSON FRANÇAISE À TRAVERS LE XXe SIÈCLE
Installée tout d’abord au coin des rues ou dans des établissements pas toujours recommandables, elle se faisait connaître par des textes ou des partitions achetés sur place pour quelques pièces. Devenant populaire, elle a donné l’idée à des audacieux de créer les premières salles de spectacle où les premiers artistes, comme Dranem ou Mayol, vont pouvoir interpréter leurs succès sur une scène, seuls et sans soutien technique, alors que les musicien vont s’installer en contre-bas, dans la « fosse ». La chanson est parfois grave mais le plus souvent comique, grâce surtout aux comiques troupiers comme Ouvrard, qui marqueront les années précédent la grande guerre et pendant sa période.
Après le carnage et les traumatismes qui en découlèrent, la chanson française prend véritablement son essor en suivant deux voies complètement distinctes : Elle s’amuse avec les premières opérettes, les revues de Joséphine ou de la Miss, les envolées de Maurice Chevalier, en prenant du rythme, de l’entrain, de la joie de vivre retrouvée. Les premiers succès de Charles Trénet marqueront l’apogée de cette période euphorique. Parallèlement, elle développe ce qui pour longtemps lui donnera ses vraies lettres de noblesse, ses premiers textes, fouillés, touchants portés par des interprètes quasi-uniquement féminines, comme Fréhel, Edith Piaf ou Berthe Sylva. C’est aussi avant la seconde guerre mondiale que la chanson française subit ses premières influences étrangères; la danse est à la mode et les rythmes qui font danser viennent de l’étranger. Elle va donc s’adapter et commencer à traduire d’autres langues et cela ne s’arrêtera que cinquante années plus tard.
Après la libération, la chanson devient la passion de nombreux jeunes talents, qui en plus d’être poètes ou même écrivains, sont musiciens et disposent de la voix nécessaire pour pousser couplets et refrains. Des interprètes mythiques comme Juliette Gréco ou Yves Montand deviennent célèbres mais Léo Ferré, Félix Leclerc et un peu plus tard, Georges Brassens, Jacques Brel imposent des répertoires originaux, distants de toutes les modes passagères qui, comme l’opérette, vont commencer à déferler.
A la fin des années 50, les monstres sacrés comme Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, sont en piste. La chanson française s’est faite mélodie et l’amour est un sujet incontournable. La musique comme le disque s’apprêtent à devenir une véritable industrie. En effet, au début des années 60, de nouveaux rythmes arrivent d’outre atlantique et les piliers de l’édifice vont d’abord trembler. La jeunesse qui commence à vouloir s’affirmer, trouve dans le rock’n roll, le twist de quoi exprimer sagement ses désirs d’indépendance, surtout par la musique, car les paroles, souvent issues de traductions à la hâte, n’ont pas toujours du sens. Beaucoup d’interprètes passeront, quelques uns resteront et ils sont encore, comme Johnny Hallyday, les grandes stars d’aujourd’hui. Le règne des maisons de disque va enterrer beaucoup d’anciennes gloires, en créer sans cesse de nouvelles car désormais la chanson s’écoute et se vend à des centaines de milliers d’exemplaires. En marge de ce rouleau compresseur, des producteurs comme Eddie Barclay ou Jacques Canetti trouveront quand même une place pour des artistes exceptionnels comme Jean Ferrat ou Barbara, et la chanson française ne le regrettera pas.
VERS LES ANNÉES 70
A partir de 1965, la chanson française aura digéré sa crise de croissance et désormais l’arrivée des modes coïncidera toujours avec le développement d’un répertoire, parfois en marge, mais toujours original et vivant. Elle avait su prendre du texte, elle prendra aussi régulièrement la défense des idées. Même si les ondes sont dominées par les « variétés », les « déjantés » et ensuite les « révoltés » vont pouvoir se faire une place, et jusqu’au milieu des années 70, ils seront les découvertes les plus prometteuses, devenues, assagies par le temps, des incontournables aujourd’hui.
Les Années 80 marqueront la réconciliation, à l’image des changements dans le monde, de la mélodie, du rythme, du texte pour donner à la chanson française une nouvelle dynamique, souvent surprenante ou audacieuse, portée par des artistes avant tout excellents musiciens.
Depuis plus de 10 ans, la chanson française se révèle sous de multiples facettes sans qu’une mode, une influence extérieure ne modifient son chemin, même si le retour des chanteurs « à voix » a marqué ces dernières années. Serge Gainsbourg a rejoint, au panthéon de la chanson, ceux qui seront toujours écoutés et admirés. La télévision se délecte des hommages, des anniversaires et laisse désormais peu de place aux jeunes talents dont elle n’est pas le fabriquant ou le co-producteur. Paradoxalement de nombreux labels, promoteurs exclusifs d’inconnus qui seront plus tard happés par les majors, connaissent une belle aventure, apportant le sang neuf indispensable au renouvellement du genre.
LA CHANSON FRANCOPHONE AMERICAINE :
De l’autre côté de l’Atlantique, au Québec, en Louisiane, on chante aussi en Français, avec d’autant plus de force que c’est souvent un moyen d’exprimer son identité culturelle et politique.
Le leader cajun, Zachary Richard, artiste essentiel à la musique francophone nord américaine, est très engagé, dans ses chansons mais également à titre personnel, dans la promotion et le maintien de la culture et de la langue française en Louisiane, face à la culture anglophone américaine envahissante.
Le Québec a toujours chanté, et bien évidemment en français… et il a donné à la francophonie plusieurs de ses grands talents. D’abord fondée sur des textes servis par des mélodies très variées, la chanson québécoise est toujours portée par des voix. Elles ont fait et font sa renommée et lui ont aussi permis de traverser l’Atlantique, voire de parcourir le Monde. Attention cependant, parmi les meilleurs, certain n’ont pas eu cette possibilité alors que leur talent, resté sur place, le méritait largement.
Le répertoire Québécois est immense, il s’étend sans cesse et touche toutes les formes de musique. Inévitablement influencé par la proximité anglophone et les USA, il a cependant su développer, et ceci quels que soient les styles, ses propres spécificités et donner à la Francophonie de l’originalité, de la saveur et surtout du fond.
De La Bolduc à Isabelle Boulay, de Félix Leclercà Eric Lapointe, le talent était là, et le travail acharné a ensuite fait le reste. C’est aussi une caractéristique majeure de la chanson dans la Belle Province : on ne réussit pas sans travailler fort et la plus célèbre artiste québécoise, Céline Dion, en est le parfait symbole.
Le Nouveau Brunswick emboite le pas, avecNatasha St Pier, aujourd’hui sa plus illustre représentante.
Le public, aujourd’hui sensible et averti, sait le plus souvent reconnaître dans la chanson francophone ce qu’elle a de meilleur et ceci quelles que soient les époques, les périodes ou les modes. Voilà de quoi rassurer tout ceux qui s’inquiètent pour son avenir : ancienne ou nouvelle, européenne ou américaine, elle a encore de beaux jours devant elle.
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