Au Début du XXème siècle, c’est bien entendu par l’écrit que les premières chansons ont pu voyager, soit dans des publications, ou soit sous la forme de billets et plus tard de partitions. Même si le phono existe, une infime partie des Français en dispose, la chanson circule le plus souvent sur des feuilles que l’on recopie bien consciencieusement dans un cahier de chansons, souvent conservé avec autant de soin qu’une relique. Les plus chanceux découvrent quelques airs, quelques artistes en 78 tours grâce à ce fameux phonographe, dont le cornet et la manivelle resteront longtemps célèbres. Le disque connaît sa première envolée mais elle reste confinée et l’objet reste fragile, cassant…
Après la grande guerre et l’engouement des francais pour la chanson et la danse, la diffusion musicale va faire deux grands pas : l’invention du micro et l’arrivée de la radio vont révolutionner le paysage. Désormais, le plus grand nombre va non seulement découvrir de véritables orchestrations mais aussi et surtout entendre enfin la voix des interprètes originaux. Si les jeunes artistes ne sont pas encore découverts par la radio comme ce sera plus tard le cas, les plus grands y disposent d’une scène fabuleuse.
Après la seconde guerre mondiale, l’industrie musicale naissante mais déjà puissante, comprends tout de suite qu’elle dispose d’un potentiel énorme mais qu’il lui manque une technologie capable de faire du disque un objet de grande consommation. Grâce au vinyle, disque de plastique à la technologie peu coûteuse et grâce à l’électrophone, désormais appelé à équiper tous les foyers, elle va trouver le moyen de diffuser les chansons en millions d’exemplaires.
Dès le début des années 50, c’est le 45 tours qui arrive, dénommé ainsi par référence à sa vitesse de rotation à la minute sur l’électrophone. Petit, léger, il permet sur 2 faces de présenter 4 chansons, rapidement il sera baptisé EP (extended play) par les anglo-saxons. Au début vendu très simplement avec une pochette de papier, il va, en France, rapidement se retrouver dans une véritable pochette cartonnée. Celle-ci sera tout d’abord illustrée en noir et blanc, en photo ou dessin mais rapidement elle va être conçue comme un instrument de marketing et d’image pour l’artiste et sa maison de disque. Le phénomène ne s’arrêtera plus… Parallèlement, un autre standard se développe, le 33 tours. A l’origine il fait 25 cm de diamètre, permettant la présentation d’une dizaine de chansons, 5 sur chaque face mais dès le début des années 60, il grandit, pour atteindre 30 cm, 14 chansons en moyenne et devenir ce que l’on dénommera « album ». L’album devient le moyen pour un artiste de développer réellement son répertoire, d’en présenter tous les aspects, d’effectuer aussi une réelle création autour d’un ou deux titres qui vont servir de locomotive à tous les autres.
A la fin des années 60, le 33 tours se diffuse de plus en plus largement et le 45 tours, toujours dominant se doit d’en tenir compte. D’une part les jeunes artistes n’ont pas toujours 4 titres intéressants à présenter pour un EP et d’autre part les chanteurs vedettes et les producteurs rechignent désormais à faire figurer sur un même EP, des titres qui pourraient rendre l’achat de l’album inutile, alors que sa vente est plus rentable, artistiquement comme financièrement. Les professionnels décident donc d’utiliser une nouvelle technique de commercialisation, en créant des 45 tours 2 chansons ou SP (short play) qui vont remplacer les EP. Les jeunes artistes pourront être lancés sur un titre, le tube, et les confirmés pourront en sortir plusieurs successivement et issus du même album. Pendant plus de 20 ans, le SP sera la star et rien qu’en France, il s’en vendra chaque année plusieurs millions.
La voiture étant devenue elle aussi un objet de grande consommation, un produit dérivé va lui être tout d’abord spécifiquement dédié, sous la forme d’une cassette qui va s’introduire dans un lecteur. Peu à peu, la cassette va sortir de l’automobile pour arriver dans des appareils autonomes et même dans un objet japonais révolutionnaire le « walkman », décliné aujourd’hui en « discman ». La cassette simple, équivalent du 45 tours, a fait une apparition de courte durée. Même si le produit est en déclin, la cassette est toujours vendue aujourd’hui.
Au début des années 80, sur la vague disco, l’industrie va commercialiser des maxi 45 tours, de format 30 cm. Avec le tube sur la face A en version longue, particulièrement appréciée dans les discothèques, il deviendra un troisième standard pendant presque 10 années.
Au début des années 90, malgré l’évolution permanente des techniques à la fois d’enregistrement et de diffusion, l’industrie du vinyle s’essouffle et se doit de franchir un nouveau cap. Après des hésitations et des expériences malheureuses, le nouveau standard mondial s’impose : le compact disque ou CD. Petit, léger, inusable, facile à transporter dans sa boîte, et surtout techniquement bien meilleur, il est idéal mais se développe lentement car l’industrie de ce que l’on appelle désormais l’électronique a du mal à faire baisser le prix de revient des appareils de diffusion. En quatre années l’affaire est cependant réglée : le CD devient accessible, à la mode, les maisons de disques ne voient que par lui et le vinyles est rapidement dépassé.
Le CD s’impose en enterrant le 33 tours, le CD single suivra et mettra un terme à près de 40 années de règne du 45 tours. La France connaîtra une particularité : le CD single, alors qu’il a disparu dans de nombreux pays sauf au Japon; en effet le prix des CD a tellement baissé qu’il n’est pas économiquement intéressant d’acheter 2 titres.
Le CD se décline bientôt en d’autres formats :
- le SACD, permettant d’écouter l’enregistrement sur 5 canaux (dérivé du film sur DVD)
- le DVD audio qui commence à faire son apparition
A la fin du XXème siècle, la nouvelle vague du Rap va ressusciter le vinyle. De nouveau, les 45 et 33 tours maxi sont présents dans les bacs, puis les « albums » et les 45 tours suivent. Les collectionneurs deviendront de plus en plus nombreux et les maisons de disques commenceront à faire ce qu’elle font désormais pour de nombreux artistes majeurs : sortir une édition vinyle du CD ou du CD single de leurs nouveautés.
Ce début du XXIème siècle consacre l’explosion du micro ordinateur familial à la portée de tous, et l’apparition de nouveaux formats de supports musicaux, dont le plus connu, le MP3, échangeable de tous les coins de la planète via internet, au grand dam des maisons de disques, dont le prochain défi sera de contrôler également la diffusion de ce support.